Découvrez les histoires fascinantes des habitants d’Audenge du douanier archéologue au notable visionnaire qui a fondé une ville idéale aux États-Unis en passant par un chorégraphe maître de ballet. Chaque personnage, chaque histoire, chaque bâtisse dévoile un pan du passé d’Audenge et participe à l’écriture d’un récit collectif auquel vous êtes convié.

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Audenge, j’y viens pour les vacances. Ce que je préfère, c’est le bruit du vent dans les feuilles de platanes. Pour moi, c’est le son des vacances.
Valérie, 53 ans

Le chemin des gens d’ici en cartes postales

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Le douanier archéologue

À La Vignotte, un ancien douanier a trouvé des vestiges datant des âges du fer et de la période gallo-romaine.

Charles Braquehaye, membre fondateur de la Société archéologique de Bordeaux parle des objets trouvés à La Vignotte.

« En 1873, un ancien préposé des douanes, M. Dumur me fournit des renseignements sur des découvertes importantes qu’il avait faites en 1848 dans un champ appelé « la Vignotte » qu’il possédait dans la commune d’Audenge.

Il avait trouvé, à 50 cm de profondeur, dans le sable qui constitue le sol de la contrée, un grand nombre de petits pots noirs disposés par quatre, un sur chaque angle de carreaux en terre cuite mesurant environ 10 cm de côté. Il avait également recueilli au même endroit des poteries et des vases, les uns rouges, les autres gris-noirs, quelques objets de verre, des plats, des fioles, une statuette en terre cuite représentant une femme nue (certainement Vénus), une tête d’une autre femme et une plus grande d’homme à barbe, furent aussi retirés de la même tranchée.

Malheureusement, tous ces curieux restes avaient disparu depuis plus de vingt-cinq ans. M. Dumur avait offert à son chef hiérarchique. M. du Koly, directeur des douanes à Bordeaux, toutes les pièces les plus remarquables. La collection de cet amateur éclairé avait été vendue à Paris après son décès. Les petits vases avaient servi de jouets pendant de longues années aux jeunes enfants qui en détruisirent, m’a-t-on dit, au moins une centaine.

Je me rendis à Audenge en 1874. M. Bézian, juge de paix, membre correspondant de la Commission des Monuments Historiques, m’assura qu’iI avait constaté de visu que les vases et débris sortis du sol étaient fort nombreux et dataient assurément de l’époque de l’occupation des Gaules par les Romains. Les petits pots noirs exécutés en terre fine n’avaient pas d’anse et la panse affectait la forme renflée d’une poire. La disposition symétrique et le nombre considérable de carreaux supportant chacun quatre petits vases semblables indiquaient incontestablement une destination funéraire. »

Textes issus des archives et bulletins publiés par la SHAAPB – Société Historique et Archéologique d’Arcachon et du Pays de Buch

Le château perdu et retrouvé

Au Moyen Âge, deux mottes cadastrales (forme ancienne de fortification composée d’une tour posée sur une butte en terre) se trouvaient sur le territoire : à Certes et à l’Escalopier. La motte de Certes date du 14e siècle et celle de l’Escalopier est signalée dans un texte de 1275. Elles sont toujours visibles.

Des membres de la Société historique et archéologique d’Arcachon et du Pays de Buch ont pu visiter les ruines du site de l’Escalopier.

« Au pied de la plus grande motte, celle où était édifié le château, furent retirés des anciens fossés une quinzaine de très grosses pièces de bois qui furent entassées en plusieurs endroits sur le champ voisin. Ces poutres ayant séjourné dans l ‘eau salée pendant six siècles avaient été préservées de la dégradation provoquée par les insectes, les mousses, les champignons, la température … Elles avaient un aspect fibreux et ressemblaient à du bois calciné. Leur diamètre était de 30 à 33 centimètres. Aucune d’elle n’était entière, toutes paraissaient brisées. L’une de ces poutres, une faîtière, d’environ deux mètres de long, portant les entailles caractéristiques des pièces destinées à être assemblées ainsi que deux autres, ont été transportées à la mairie d ‘Audenge et mises à l’abri.

Nous avons prélevé une coupe de bois dans une des plus grosses pièces en vue de la faire examiner et dater. Le service de l’Université de Paris qui devait la dater selon la méthode des cernes ou anneaux (dendrochronologie) n’a pu donner de réponse. Cependant la coupe était excellente. Avec la vase, la drague ramena des quantités de coquilles d’huîtres, ce qui témoignerait d’une grande consommation de ces coquillages aux 13e et 14e siècles.

La vase fut déversée de part et d’autre des fossés et sécha. Un examen attentif de la surface de ces rejets permit de récolter un grand nombre de fragments qui paraissent être ceux de pots et jarres domestiques de grandes dimensions. Ces poteries de couleur grise ont été datées du 14e siècle. Enfin on a trouvé des débris de tuiles de type romain.

Le site du château, les poutres, les débris de poterie ont été examinés successivement par M. Gautier, Directeur des Antiquités, M. Thierry, correspondant du service des Antiquités pour notre région, et par M. Fayolle-Lussac, professeur à l’École d’Architecture de Bordeaux. Tous les avis ont été concordants : il s’agit bien du site d’un château féodal du 10e-12e siècle, et typique à bien des égards. »

Textes issus des archives et bulletins publiés par la SHAAPB – Société Historique et Archéologique d’Arcachon et du Pays de Buch

Jules et Edmond de Goncourt à Audenge

En 1865, les deux frères Goncourt se trouvent à Audenge. Ils furent très surpris d’apprendre que le célèbre Dauberval avait vécu à Audenge. Compte-rendu de leur visite.

« Une surprise nous attendait à Audenge, un petit village à moitié englouti dans les sables. Nous étions entrés chez le facteur de la poste pendant un relais. Jules de Goncourt sentit ses yeux attirés par deux médaillons qui décoraient le mur : c’étaient les portraits du célèbre danseur Dauberval et de sa femme, très finement exécutés. Au-dessous du premier on lisait : Jean Bercher Dauberval, né le 19 août 1742. Au-dessous du second médaillon : Théodore Dauberval et ces deux devises : « Ses talents séduisent son esprit entraîne » – « L’amitié seule peut apprécier son cœur. »

Du reste, pour elle, ni âge ni lieu de naissance, sans doute par galanterie. Cette tête de Théodore, coiffée à l’antique, était d’un beau caractère. Les deux portraits avaient été dessinés par Lefévre et gravés par Ledoux.

Surpris comme on le pense bien, d’une telle rencontre au milieu des landes, j’appris du vieux facteur que Monsieur Dauberval avait possédé des terrains entre Audenge et Lanton. Et quels terrains, miséricorde ! Le cheval de voiture qui nous les fit traverser s’y enfonçait jusqu’aux genoux. »

Textes issus des archives et bulletins publiés par la SHAAPB – Société Historique et Archéologique d’Arcachon et du Pays de Buch

Un médecin, un curé et un mariage

Vincent Broton est un prêtre d’origine espagnole qui est, depuis 1821, le curé d’Audenge. Numa Bézian est le médecin de la ville.

Un différend contraint M. Bézian à modifier ses projets de mariage.

Monsieur Bézian était en train de converser dans la rue avec un ami du curé quand une fille « qui demeurait sur le bien du Curé Broton » passa devant eux :
– « Docteur », fit remarquer l’ami du curé, « on dirait que cette fille est enceinte. »
– « Effectivement », répondit Bézian, « elle a un bien gros ventre. Elle est certainement enceinte. »

Le docteur ironisa-t-il à ce propos ? Le rapport ne le dit pas mais la conversation ayant été rapportée au curé Broton, celui-ci rompit avec Bézian avec lequel il avait toujours été en excellents termes et qui était son médecin, un médecin qui n’avait jamais réclamé d’honoraires et qui avait toujours répondu au curé Broton, demandant ce qu’il devait : « que cela ne vous inquiète pas. M. le curé, ce n’est rien ».

L’officier de santé s’avisa que ce n’était pas rien, quand il s’avéra que sa brouille avec M. Broton était définitive. Il réclama alors les honoraires de ses services passés. Il les réclama trois fois, puis assigna le curé Broton devant le juge de Paix.

Le jour de l’audience la salle était pleine. Le dialogue suivant s’engagea entre le juge et le curé :
– Le juge : « Reconnaissez-vous être redevable envers M.Bézian de la somme qu’il vous réclame pour des soins et des remèdes à vous donner ? »
– Le curé Broton : « Je ne dois pas à M. Bézian tout ce qu’il me réclame. Je lui ai donné des prises de quinquina dont il doit tenir compte. »
Reconnaissant le fait. M. Bézian, sur le champ déduisit de sa note la valeur des prises de quinquina.
– Le juge : « Reconnaissez-vous devoir à M. Bézian la somme qui reste ? »
– Le curé Broton : « Non, en vertu de l’article du Code Civil sur la prescription, je déclare ne rien devoir à M. Bézian. »
– Le juge : « Feriez-vous serment pour affirmer que vous ne devez rien à M. Bézian ? »
– Le curé Broton : « Je fais serment qu’en vertu de l’article du Code Civil, je ne dois rien à M. Bézian. »

Trois ans plus tard, Numa Bézian souhaite épouser Pétronille Duvignau, mais il ne veut pas que son mariage soit béni par le curé Broton. Les futurs conjoints décidèrent donc d’aller se marier à Gujan.

Textes issus des archives et bulletins publiés par la SHAAPB – Société Historique et Archéologique d’Arcachon et du Pays de Buch

Les sauniers ostréiculteurs

Au 18e siècle, le Marquis de Civrac décide d’installer des parcs à huîtres sur son Domaine. Ce sont les sauniers qui les cultivaient.

Lorsqu’en 1764, le Marquis de Civrac se lança dans l’ostréiculture, il avait en vue des objectifs limités et précis : cultiver comme à Marennes des huîtres vertes et vendre cette production sur les marchés où les prix étaient élevés tels que Paris ou Versailles.

Ayant considéré que la production d’huîtres serait associée à la production de sel – tout au moins qu’elle serait parallèle et complémentaire – Civrac avait prévu que les sauniers produiraient des huîtres le long des digues.

Le contrat des sauniers précisait la durée de l’engagement qui sera de 20 ans, les conditions de travail, les avantages sociaux. Ils recevraient 120 livres de dot en cas de mariage. Le contrat précisait que, en plus du travail aux marais salants, ils devaient « comme en Saintonge entretenir trois claires propres à faire venir des huîtres vertes qui contiendront 50 000 à 60 000 huîtres. Ils ne pourront pas prendre ces huîtres qui sont au Seigneur. »

Textes issus des archives et bulletins publiés par la SHAAPB – Société Historique et Archéologique d’Arcachon et du Pays de Buch

Ernest Valeton de Boissière et la notion d’héritage

Ernest Valeton de Boissière était un homme défavorable à l’idée d’héritage. Il pensait que les enfants n’ont aucun droit à l’héritage de leurs parents. Pour lui l’héritage revient à l’Etat qui l’utilise pour développer l’instruction. En 1889, il expose ses idées dans un tract où il fait aussi référence au populaire Général Boulanger :

« Nos pères ont aboli il y a cent ans les privilèges héréditaires de la Noblesse. Ce serait une grande gloire pour le suffrage universel de 1889, d’abolir les privilèges héréditaires de la Fortune.

Il ne s’agit pour nous que de vouloir ; un vote suffit.

Les droits des enfants à l’héritage de leurs parents établis par la loi française, sont un reste des préjugés monarchiques. Il est temps de réviser cela.
Aux États-Unis d’Amérique, les parents sont parfaitement libres de déshériter leurs enfants.

Quand un capitaine de vaisseau meurt, faites-vous de son fils un capitaine de vaisseau. Eh bien ! ne faites pas un millionnaire du fils d’un millionnaire.

La fortune est une force puissante : en bonnes mains, elle est féconde pour le progrès, en mauvaises mains, elle est nuisible ou stérile.

Les enfants n’ayant aucun droit à l’héritage de leurs parents, cet héritage revient à la Nation, à l’Etat.

Les parents ont le droit pendant leur vie, de disposer à leur gré de leurs biens ; ils peuvent les transmettre à leurs enfants par donation entre vifs, contre une rente viagère. Mais quand ils meurent, leur volonté meurt avec eux et ne peut avoir d’effet posthume ; on doit leur refuser le droit de tester. Le peuple français est mécontent et il a raison de l’être. Il est accablé par les impôts indirects qui enlèvent aux travailleurs du 1/5 au 1/4 de leur salaire. Le travail est gêné par des droits de patentes, de timbre, d’enregistrement, mutations, etc…

Mais il est un moyen bien simple de supprimer toutes ces raisons de mécontentements, c’est de voter l’hérédité absolue de l’État qui produira 4 à 5 milliards de ressources budgétaires.

Voilà le sauveur trouvé et vous n’avez pas besoin d’un César pour l’incarner. D’un autre côté, c’est un devoir rigoureux pour l’État d’assurer à tous les enfants l’égalité dans le développement de leurs facultés physiques et intellectuelles ; c’est une conséquence de la Déclaration des Droits de l’Homme. Cette obligation implique une dépense annuelle de plus de deux milliards.

Le traitement des instituteurs doit être assez élevé pour attirer dans leurs rangs l’élite de la nation. Les enfants doivent avoir droit à l’école, aux vêtements, à la nourriture, et pouvoir arriver gratuitement par la voie du concours aux plus hautes études. La mère pauvre devrait même recevoir des secours aux approches de l’accouchement et quinze jours après, comme cela se pratiquait dans quelques établissements industriels de Mulhouse.

Quelle prospérité donnerait à la France le développement de tant d’intelligences qui restent aujourd’hui atrophiées !

Et les fils des riches eux-mêmes, qui vivent la plupart dans l’oisiveté, l’ignorance, le libertinage ! IIs seraient obligés de travailler et utiliser la supériorité intellectuelle qui devrait résulter de leur filiation.

On m’a objecté que les pères de famille n’auraient plus la même activité pour le travail.

Comment ! On arriverait donc ainsi à calmer la soif de l’or qui nous dévore ? Mais, nous l’avons déjà dit, si les pères ont confiance en leurs enfants, ils peuvent leur transmettre leurs biens de leur vivant, comme font beaucoup de paysans de nos campagnes qui remettent à leur fils le domaine arrosé de leurs sueurs en échange d’une pension.

La bourgeoisie luttera de toutes ses forces contre la loi qui établira l’hérédité de l’État ; le Sénat se mettra en travers ; aussi faut-il un vote irrésistible.

Allons travailleurs ! formez le grand parti de l’hérédité de l’État. Vous avez de votre côté le droit, le nombre, la force, servez-vous-en donc pour le salut de la patrie !

Ne nommez que des députés honnêtes, et fermes qui s’engagent à voter, dès le début de la session législative, l’hérédité absolue de l’État, le refus du droit de tester et la transformation obligatoire de toutes les valeurs au porteur en valeurs nominatives. Que ce soient les Cahiers de 1889 !

On dit que beaucoup de républicains, fatigués du statu quo dans lequel nous pataugeons, sont décidés à voter pour la Boulange, dans le but d’amener une crise violente, d’où pourra sortir le bien. En votant l’hérédité de l’État, ils obtiendront une transformation supérieure à tout ce que ta Boulange pourrait leur procurer, et ils ne courront pas le risque de perdre la République. »

Textes issus des archives et bulletins publiés par la SHAAPB – Société Historique et Archéologique d’Arcachon et du Pays de Buch

L’affaire de l’église

La Ville d’Audenge a connu 2 églises. La première se trouvait proche du cimetière actuel, à l’emplacement du rond-point de la tonne à Jeannot. En 1841, son mauvais état nécessitait des réparations notamment sur le clocher. Ce sujet a divisé les Audengeois. On ne tarde pas à parler de « l’affaire » de l’église.

1852 : la Préfecture est tenue au courant du mauvais état de l’église.

1864 : le Cardinal Donnet demande la reconstruction de l’église dans un autre lieu. Le curé Jean-Joseph Delzangles est d’accord.

18 février 1872 : le Conseil Municipal, par 7 voix contre 3, décide qu’une nouvelle église sera construite aux Places. Pour couvrir la dépense on vendra ou on concèdera des landes communales. Dans le même temps, l’architecte Jean Jules Mondet est nommé officiellement pour inspecter l’église. Il conclut qu’elle ne peut être réparée. Il faut donc en construire une nouvelle. Cependant beaucoup d’Audengeois tiennent à leur ancienne église. Ils envoient une pétition adressée au Préfet.

1873 : une lettre du Maire Jacques « Chéri » Duvigneau adressée au Préfet lui demande que l’église soit reconstruite à neuf rapidement car les séances du conseil municipal deviennent orageuses et certains habitants menacent de ne pas se faire enterrer au cimetière si l’église est déplacée. Pour des raisons de politique nationale, Jacques « Chéri » Duvigneau est débarqué de son poste de maire. Son successeur s’oppose à la construction d’une église aux Places.

1876 : Jacques « Chéri » Duvigneau reprend son fauteuil de Maire. Un décret signé du Président de la République autorise la construction. La démolition de l’ancienne église est décidée par une délibération du Conseil Municipal. Les matériaux sont réutilisés pour la construction de la nouvelle église. Le nouveau lieu d’implantation est choisi « au champ de foire ». Il se trouve à égale distance du Bourg et de Certes.

1878 : la construction démarre sous la direction de l’architecte Mondet.

7 septembre 1880 : procès-verbal de réception de l’église Saint-Paul suivit de l’installation de la statue de saint Yves du 17e siècle.

Textes issus des archives et bulletins publiés par la SHAAPB – Société Historique et Archéologique d’Arcachon et du Pays de Buch

Fête de la Saint-Yves

Entretien avec Jacques Sabarthez, retraité audengeois passionné par l’histoire locale // Avril 2024

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