Sur le chemin d’un paysage en évolution
Les activités humaines ont façonné certains paysages bordant le Bassin d’Arcachon. Pêche, saliculture, pisciculture, sylviculture, agriculture, ostréiculture, toutes y ont laissé leurs empreintes. Partons à la découverte de ces paysages en évolution, de ceux qui les ont aménagés et de ceux qui les protègent.
Paysage
Le paysage, c’est ce que nous voyons autour de nous.
Cela peut être un parc, une forêt, la mer, une ville…
Il n’y a pas un mais des paysages.
Le paysage garde les traces des activités humaines.
Un paysage se voit, mais il peut aussi se respirer, se toucher ou s’entendre.
Façonner
Transformer quelque chose pour lui donner une autre forme.
Au fil des siècles, le paysage d’Audenge a été façonné par les humains.
Protéger
Faire que quelqu’un ou quelque chose soit mis à l’abri d’un danger.
Renaturer
Faire qu’une zone modifiée par l’être humain retrouve un état proche de son état naturel.
L’équipe du Domaine doit entretenir ce qui a été aménagé depuis les années 1700.
Des animaux, des plantes particulières y vivent.
Mais les interventions ne se font qu’en cas de nécessité.
Le Domaine veut être un lieu de protection des écosystèmes et des paysages
Il veut sensibiliser le public à la protection de l’environnement.
1708 : Le Bassin d’Arcachon vu par Claude Masse, ingénieur du roi Louis XIV
Dans sa description du bassin d’Arcachon, il dit que qu’on y vit bien et que c’est joli.
On y trouve beaucoup de poissons, de coquillages et de gibiers d’eau.
C’est un endroit exceptionnel au milieu d’une zone faite de marais.
1758 : création de Lubec
De nos jours, Lubec est un quartier d’Audenge.
C’est grâce au Marquis de Civrac qu’il a été créé.
Le Marquis de Civrac possède beaucoup de landes.
Ce sont des terres où rien ne pousse.
Il décide de donner ces terres à des personnes qui voudraient essayer de les cultiver.
Jacques Gauguet et Suzanne Meynard arrivent.
Ils travaillent dur et font pousser des légumes, nourrissent des animaux.
D’autres familles arrivent.
Lubec est né.
1768 : aménagement des marais salants
Un marais salant est composé de plusieurs bassins.
Il permet d’extraire le sel de l’eau de mer.
Le Marquis de Civrac possède le Domaine de Certes.
Il a beaucoup de prés salés.
Des champs situés au bord de la mer.
Il décide de les aménager en marais salants.
Le sel, à cette époque, peut rapporter beaucoup d’argent.
1843 : élevage des poissons
Ernest Valeton de Boissière est l’héritier du Domaine de Certes
Il transforme les marais salants pour y élever des poissons.
C’est un succès.
1857 : plantation des pins
Une loi oblige à planter des arbres dans les landes.
À cette époque, ces zones sont source de maladies.
Ernest Valeton de Boissière organise la plantation des pins.
Les pins fournissent de la résine.
C’est un matériau très utilisé dans l’industrie chimique.
1895 : exploitation agricole
Ernest Valeton de Boissière meurt en 1894.
La famille Descas achète le domaine et y développe l’agriculture.
Des vaches, des moutons, des volailles, des porcs sont élevés
Les champs fournissent le foin pour leur alimentation.
Les animaux transforment le foin en fumier.
C’est un engrais naturel très utile pour les cultures.
1976 : Première étape
En 1971, Raymond Tachon est propriétaire du Domaine de Certes.
Des personnes souhaitent y construire des maisons ou des immeubles.
Mais Raymond Tachon veut conserver le domaine en son état.
Le Conservatoire du Littoral et des Rivages Lacustres se montre intéressé.
La mission du Conservatoire du littoral est d’acheter des terres situées le long des côtes pour les protéger.
1984 : achat du domaine de Certes par le Conservatoire du Littoral
Le 30 mars 1984, le Domaine de Certes devient la propriété du Conservatoire du littoral.
Depuis 1991, le département de la Gironde gère le domaine.
1998 : achat du Domaine de Graveyron
Le Conservatoire du Littoral achète le Domaine de Graveyron.
Le site devient le Domaine de Certes et Graveyron.
2017 : Inauguration du Pôle dédié à la nature et biodiversité
Le département de la Gironde organise la préservation du Domaine.
C’est un patrimoine naturel important.
Il témoigne de l’activité humaine.
Le Domaine accueille gratuitement les visiteurs toute l’année.
Il propose aussi des animations.
2023 : et après ?
Le Domaine de Certes et Graveyron cherche à trouver des solutions au changement climatique.
Il voudrait que certains milieux évoluent librement.
Les quartiers d’Audenge
La Ville d’Audenge est constituée de plusieurs quartiers qui ont leur propre histoire et particularités. Lubec, situé loin du cœur de ville, constitue presque une ville dans la ville.
Hougueyra : au XVIIIe siècle, situé au milieu de la lande, ce quartier est une importante exploitation de champs clos.
Les Trucails : au XVIIIe siècle, ce quartier est occupé par des éleveurs. Le terme gascon à l’origine de son nom Truc, truco ou truca désigne la cloche portée par le bélier.
Bas Vallon : ce quartier est, jusqu’aux début des années 1960, une zone de prairies et de champs où une vingtaine de foyers vivent dans de petites fermes. Son premier nom est Babalon, transformé en Bas Vallon sur la carte du Conseil général de 1875.
Pointe Émile : auparavant connu sous le nom de la Pointe, ce quartier devient Pointe Émile à la suite de l’important achat de landes, au milieu du XIXe siècle par Émile Pereire, créateur de la ville d’hiver d’Arcachon. En 1864, la Pointe Émile compte deux maisons.
Certes : le lieu a une longue occupation, il est connu pour son château et ses marais salants aménagés au XVIIIe siècle et transformés en exploitation piscicole au XIXe. Certes a longtemps été un quartier bien distinct de la ville d’Audenge.
Vieux Bourg : dans les registres d’état civil, le lieu est toujours mentionné le Bourg. C’est ici que se trouvait une chapelle, mais aussi l’ancienne église, démolie en 1878. Dans ce quartier se trouve toujours une Croix de mission déjà mentionnée sur le cadastre de 1826.
Lubec
La création
À l’origine, ce quartier s’appelle « Lubet ».
Le seigneur de Certes, François Eymerie de Durfort, Marquis de Civrac, vient d’hériter des terres de son père. Ce sont des landes avec un bois au milieu où personne ne vit. Le Marquis de Civrac fait savoir qu’il songe à donner des terres à tous ceux qui voudraient les défricher et les mettre en culture.
Un couple de paysans de Biganos, Jacques Gauguet et Suzanne Meynard, relève le défi et arrive à Lubet en 1758 avec leurs enfants. Ils s’installent au lieu-dit Pujau Janton qui s’appelle aujourd’hui Ramouniche. Le couple dessouche, retourne et prépare la terre, parvenant ainsi à mettre la lande en culture. Le Marquis de Civrac trouve d’autres familles qui acceptent de venir s’installer à Lubet.
En 1795, Lubet compte 19 familles pour une population de 123 personnes.
Chronologie de Lubec depuis le XIXe siècle
1830-1840 : Construction de la voie de communication Audenge, Hougeyra, Lubec et La Pointe.
1882 : Projet de construction de « l’école de hameau » de Lubec.
1885 : Ouverture de l’école mixte à classe unique.
1891 : Dégâts importants dans la forêt à la suite d’un cyclone le 21 mai.
1898 : 35 000 pins brûlent lors d’un incendie.
1914 : Création de la Foire aux bestiaux de Lubec
1921 : Première foire de Lubec le 27 août
1923 : Création d’une ligne téléphonique entre la Mairie d’Audenge et l’école de Lubec
1952 : Mise en service du « petit » château d’eau
1972 : Fermeture de l’école seulement fréquentée par dix élèves
1976 : Inauguration du « grand » château d’eau. Il assure aujourd’hui la distribution de l’eau de ville pour toute la commune d’Audenge.
Définitions
Lande : zone stérile où poussent bruyères, ajoncs, fougères et diverses plantes sauvages.
Physiocrate : école de pensée économique et politique apparue dans les années 1750 qui consiste, notamment, à chercher le bonheur des peuples et la richesse des nations à travers l’accroissement des surfaces cultivées et des rendements agricoles. Le Marquis de Civrac et Ernest Valeton de Boissière sont physiocrates.
La petite histoire : l’inventaire des biens de Jacques Gauguet et Suzanne Meynard
Jacques Gauguet et Suzanne Meynard meurent en 1767. Jean Dunouguey, notaire, réalise l’inventaire de leurs biens.
« Le notaire aperçut, au milieu de l’airial, une cabane fermée de brande et couverte de paille, semblable à celle qui abritait ses bestiaux à Gujan. C’était la maison des Gauguet.
À Ramouniche, le matériel agricole était composé d’un araire, un joug, une charrette, une herse, une faux, une mare, un dalh (dail) et deux haches. Une jument de quatre ans valait seule plus que tout le reste ensemble.
47 boisseaux de blé pour servir à la nourriture dans le cours de la présente année qu’il évalue à 376 livres.
Il n’y avait ni chèvres, ni moutons, ni volailles.
Le mobilier de leur maison était composé d’une table de bois de pin, cinq petites chaises, un coffre de bois, un lit, deux chaudrons en cuivre, une crémaillère, deux pots de fer et un petit poêlon. Ils avaient une couverture, des rideaux, un drap et une nappe. »
Personnalité :
Robert Pierre Daisson (1891-1972)
Robert Pierre Daisson, natif d’Arès, arrive à Lubec au début des années 1950. Il y fonde, en 1954, un équipage de chasse à courre « Rallye Lubec » pour chasser le lièvre puis le chevreuil. Sa meute comprend 60 chiens de race Billy et chasse le jeudi et le dimanche. La tenue d’équipage est noire à parements rouge bordeaux et le bouton représente un brocard (jeune chevreuil) au galop.
Il existe toujours un équipage de vénerie à Lubec.
La cabane du résinier
D’un lieu d’habitation à un lieu de travail
Les cabanes de résinier sont un habitat traditionnel des Landes de Gascogne où vivent le résinier et sa famille. Les cabanes peuvent être isolées dans la forêt ou regroupées. Elles sont réparties dans la forêt suivant les différentes parcelles exploitées et reliées entre elles par des chemins. Avec l’essor du gemmage au milieu du XIXe siècle, le résinier et sa famille vivent au village ou dans les airials. Les cabanes vont alors être utilisées comme abri et lieu de stockage des outils.
Le gemmage
Le pin maritime a toujours existé dans les Landes et le gemmage remonte à des temps très anciens. Le lieu-dit Maignan a livré des fragments de jarres à poix (mélange mou et collant réalisé à base de résine et de goudrons végétaux) de la période gallo-romaine.
Avec la mise en culture des Landes à la suite de la loi du 19 juin 1857, qui oblige les communes et les propriétaires privés à drainer et boiser leurs terrains, le gemmage se généralise et fait l’objet d’un commerce international. Grâce au gemmage, les budgets municipaux de la Ville d’Audenge augmentent fortement, permettant sa modernisation.
La résine récoltée permettait d’obtenir deux composés utiles à l’industrie chimique :
- La colophane (70 %) qui a la propriété de coller et d’imperméabiliser.
- L’essence de térébenthine (20 %) qui permet de dissoudre graisses, huiles et cires.
Un bon résinier pouvait exploiter 2 000 à 2 400 pins dans l’année. Le gemmage s’essouffle au milieu du XXe siècle, avec l’arrivée des résines de synthèse.
Les outils du résinier
Sarcle à peler : pour enlever l’écorce avant l’entaille.
Hapchot : permet de creuser la carre, une entaille dans le tronc du pin.
Pousse-crampon : frappé avec un maillet de bois, il enfonce le crampon.
Crampon : morceau de zinc positionné au-dessus du pot de résine pour guider l’écoulement de la résine dans le pot.
Palinette : sert à nettoyer les pots de résine ; on dit aussi curette.
Pot de résine : contenant en terre cuite inventé en 1845 pour récolter la résine. Au départ, la résine était récoltée dans un trou creusé au pied du pin, puis dans le plat à résine et enfin dans un petit pot maintenu en haut par le crampon et en bas par un clou.
Barrasquit double : pour enlever la résine solidifiée.
Escouarte : seau en bois de châtaignier puis en métal permettant de ramasser la résine contenue dans le pot. L’escouarte est ensuite vidée dans un tosse (fosse en pierre ou brique creusée dans le sable).
Amasse : travail de ramassage de la résine (toutes les 2 ou 3 semaines) essentiellement réalisé par les femmes de résinier et leurs enfants à la sortie de l’école.
Pitey : échelle d’une seule pièce avec des encoches pour les pieds pouvant atteindre 5 m.
Cache : grande louche pour transvaser la résine de la tosse à une barrique posée sur une charrette avant de l’emmener à la distillerie.
Définition
Gemmage : opération qui consiste à inciser (gemmer) le tronc d’un pin pour qu’il sécrète un liquide situé dans l’aubier de l’arbre (zone située sous l’écorce) appelé gemme, qui permet la cicatrisation de la plaie. Le gemmeur, ou résinier, est celui qui pratique cette opération et qui récolte la résine.
Chiffres
26 : nombre de résiniers à temps plein sur le Domaine de Certes en 1953
40 000 : nombre de pins que le Conseil Municipal décide de gemmer en 1889 dont le travail est confié aux Audengeois, leur apportant une rentrée d’argent conséquente.
Personnalité
Jean (dit Daniel) Digneau (1884 – 1964)
Daniel Digneau, originaire de Biganos, s’installe à Audenge en 1917.Il est conseiller municipal d’Audenge de 1919 à 1941, puis de 1947 à 1964. Il est aussi conseiller d’arrondissement puis conseiller général d’Audenge à partir de 1931. Il fonde en 1920 la Coopérative agricole des résineux et le Comité des bois et résineux de la Gironde qui défend et promeut la production sylvicole. Il préside ou est membre de nombreuse autres organisations liées au commerce de la résine. Il préside aussi le syndicat des DFCI de la Gironde. Daniel Digneau est l’initiateur des pistes forestières, à la suite des grands incendies de 1949.
En 1946, il est décoré de la Légion d’honneur.